Surmenage des joueurs : la FIFA dans le viseur des syndicats
Le football moderne ne laisse plus de répit. Alors que les compétitions s’enchaînent à un rythme effréné, les joueurs professionnels tirent la sonnette d’alarme. En mars 2025, plusieurs syndicats internationaux, dont la FIFPRO, ont déposé une plainte officielle contre la FIFA auprès de la Commission européenne. En cause : un calendrier jugé inhumain et dangereux pour la santé des joueurs. Mais au-delà des chiffres, c’est tout le système économique du football qui est remis en question.
Une surcharge qui atteint ses limites
Sur la saison 2023-2024, plus de 17 % des joueurs observés par l’étude de la FIFPRO ont dépassé le seuil de 55 matchs/an, considéré comme critique. Des footballeurs de premier plan comme Jules Koundé, Dani Carvajal ou Mohamed Salah ont exprimé publiquement leur ras-le-bol. Certains enchaînent plus de 70 matchs, sans compter les vols, les stages, les obligations commerciales et les tournées d'été.
Une plainte historique contre la FIFA
La plainte vise une absence totale de concertation dans l’élaboration du calendrier mondial. La FIFA est accusée de multiplier les compétitions internationales (Nations League, Mondial des clubs, Coupe du monde tous les deux ans envisagée…) sans prendre en compte la réalité physique des joueurs. L’UEFA, les ligues nationales, les fédérations et les clubs alimentent eux aussi ce cycle sans fin.
Le rôle déterminant des droits TV
Le nerf de la guerre reste les droits audiovisuels. Les chaînes exigent un contenu constant, réparti stratégiquement tout au long de la semaine pour maximiser l’audience : Premier League le week-end, Ligue des Champions en milieu de semaine, matches de sélection pendant les trêves… Le calendrier est conçu non plus pour les joueurs, mais pour remplir les cases de la grille télévisuelle mondiale.
Le phénomène est aggravé par les diffuseurs internationaux qui imposent parfois des horaires pour capter l'audience asiatique ou américaine. Résultat : certains matchs sont programmés à des moments inadaptés pour les athlètes.
Le business du football dévorant
Chaque match représente une source de revenus directe pour les fédérations, les clubs, les sponsors et les diffuseurs. Plus il y a de matchs, plus les revenus augmentent... du moins en apparence. Ce modèle repose sur l’hyper-exposition des stars, parfois au détriment de leur santé ou de la qualité du spectacle proposé. Une star fatiguée, ou pire blessée, affaiblit le produit que l’on vend aux diffuseurs.
Un appel à la refonte globale du calendrier
Face à ce modèle à bout de souffle, de plus en plus de voix appellent à une refonte globale du calendrier. Cela passerait par :
- la réduction du nombre de compétitions superflues,
- une meilleure coordination entre clubs, ligues, fédérations et FIFA,
- l’instauration de périodes de repos obligatoires (repos total, trêve estivale),
- la limitation du nombre de minutes jouées par saison pour les joueurs mineurs.
Les entraîneurs comme Guardiola, Klopp ou Ancelotti, mais aussi des stars comme Varane, Kroos ou De Bruyne plaident depuis longtemps pour un calendrier plus raisonnable, sans être entendus. Le football professionnel semble pris dans une logique d’hypercroissance... qui pourrait le mener à sa propre impasse.
Conclusion : un tournant nécessaire
La plainte déposée par la FIFPRO est peut-être le premier acte d’un bras de fer mondial entre les acteurs économiques du foot et ceux qui le pratiquent réellement. Derrière la façade du spectacle, la santé des joueurs est en danger. Pour préserver l’avenir du jeu, il faudra probablement réconcilier performance sportive, logique économique et bien-être humain.